vendredi 12 mars 2021

Contrefaçon de médicaments : comment lutter contre ce fléau en pleine expansion ?

 Le 22 février 2021, Olivier Dussopt (ministre délégué chargé des Comptes publics), a présenté le nouveau plan d’action douanier de lutte contre les contrefaçons 2021-2022


Ces dernières années, le phénomène de la contrefaçon a connu une forte expansion, facilité par le développement d’Internet et du e-commerce.

En France, les saisies douanières sont passées de 73 741 médicaments contrefaisants interceptés en 2019 (1) à 128 000 médicaments en 2020 (2).  

Au niveau mondial, la dernière opération menée en 2020 par les autorités des pays membres d’INTERPOL, a permis la saisie d’environ 4,4 millions d’unités de faux produits médicaux (3) (médicaments anticancéreux, analgésiques, hypnotiques et sédatifs, comprimés contre les troubles de l’érection…).

La pandémie de Covid-19 a donné lieu à une augmentation du trafic de faux médicaments et autres produits médicaux (masques…), comme en témoignent les premières saisies de faux vaccins réalisées par les autorités d’Afrique du Sud après une alerte d’Interpol.

La falsification de médicaments est un fléau dont les conséquences sur la santé publique peuvent être graves, voire dramatiques. L’impact est sanitaire, mais également socio-économique et environnemental.  Il s’agit d’un phénomène mondial qui touche l’ensemble des pays et n’épargne aucune aire thérapeutique.

L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’un médicament sur dix qui circule dans le monde est falsifié. Et même un médicament sur quatre dans les pays en développement (4). 

Pour lutter contre ce fléau, tous les acteurs concernés sont mobilisés aux niveaux français, européen et international. 

En France, le Leem est très actif, via notamment les actions de son Comité anti-contrefaçon mis en place dès 2003, la signature de plusieurs chartes de lutte contre la falsification avec les différents acteurs impliqués et la réalisation régulière de formations sur les médicaments falsifiés auprès des douaniers et gendarmes. 

Au niveau européen, la sérialisation de chaque boîte de médicament apporte une sécurité supplémentaire aux patients et la Convention Médicrime constitue le premier outil d’application internationale criminalisant la falsification de médicaments et les infractions similaires. Au niveau mondial, le Leem participe également activement à la lutte contre les faux médicaments, plus particulièrement sur le continent africain au sein duquel, selon l’OMS, 30% des médicaments en circulation sont contrefaisants. Le Leem contribue ainsi à la sensibilisation des populations sur les dangers des faux médicaments, à travers des campagnes d’informations sur les réseaux sociaux et sur les principales chaînes de télévision (5).

Source : https://www.leem.org/presse/contrefacon-de-medicaments-comment-lutter-contre-ce-fleau-en-pleine-expansion

vendredi 29 janvier 2021

L’AFRIQUE, UN CONTINENT EN VOIE D’ÉMERGENCE

 


Alors que l’identification de pays africains réellement émergents s’avère complexe, l’Afrique dispose d’atouts pour décoller en tant que continent grâce, dans un premier temps, au développement d’un marché commercial, puis d’un marché financier.

L’Afrique est aujourd’hui considérée comme une terre d’opportunités économiques et financières. Depuis 2000, ses bonnes performances économiques suscitent une vague d’optimisme de la part des investisseurs internationaux. Un sentiment qui pourrait être conforté par la résilience dont fait preuve l’activité économique africaine face à l’épidémie de Covid-19 (- 2,6 % en 2020), au regard de son impact à l’échelle mondiale (- 4,4 %).   L’émergence, un concept mobilisé par les pays africains eux-mêmes Face à ce renouveau, les dirigeants africains ont adapté leurs discours pour évoquer les ambitions économiques de leurs pays respectifs. Les objectifs traditionnellement mis en avant de réduction de la pauvreté ou d’amélioration des indicateurs socioéconomiques ont progressivement laissé place à l’ambition d’« émergence » dans la plupart des plans nationaux de développement économique des pays du continent. Près de la moitié des économies africaines disposent d’un plan national visant à accéder à l’émergence à court, moyen ou long terme. À titre d’exemple, l’ambition du Plan « Sénégal émergent » est d’en faire un pays émergent à l’horizon 2035. Au Gabon (« Plan stratégique Gabon émergent »), cet objectif devrait être atteint dès 2030. La stratégie d’industrialisation du Maroc entre 2009 et 2015 a, quant à elle, reposé sur un Pacte national pour l’émergence industrielle. Depuis 2015 et à l’initiative du président ivoirien Alassane Ouattara, une Conférence internationale biennale sur l’émergence de l’Afrique a même été instituée et vise à « soutenir le développement des capacités à préparer et mettre en œuvre les plans d’émergence » du continent. Mais peut-on réellement identifier des pays africains qui se démarquent dans leur trajectoire de développement au point de pouvoir être considérés comme émergents ou en voie d’émergence ?

Une poignée de pays africains émergent… partiellement La notion d’émergence ne renvoie pas à une définition communément admise par l’ensemble des acteurs des sphères économiques et financières. Il est toutefois possible d’examiner l’Afrique à l’aune des critères communément admis comme étant partagés par les premiers pays émergents, notamment asiatiques. Ces économies se sont distinguées par une croissance économique soutenue sur une longue période, leur capacité d’intégration commerciale et financière, et la prise de relai d’un développement extraverti par une croissance endogène, reposant sur le développement d’un marché intérieur et d’une consommation interne dynamique. Or, si quelques pays africains enregistrent de très bonnes performances dans l’un de ces domaines, ils peinent à répondre à l’ensemble de ces critères. Prenons l’exemple du Nigeria, de l’Afrique du Sud et de l’Égypte, qui constituent les trois premières économies africaines en termes de produit intérieur brut (PIB). De par leur taille, ces économies sont les principales destinations africaines des investissements directs étrangers (IDE), après Maurice. Elles concentrent à elles seules 35 % des flux entrants en Afrique. Mais ces économies enregistrent des performances mitigées en matière d’indicateurs sociaux. Si l’on considère à présent les pays qui connaissent les plus forts taux de croissance, ils ne sont pas nécessairement pour autant ceux qui attirent le plus de capitaux ni ceux qui parviennent à faire bénéficier cette accumulation de richesse à leur population.  

L’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie, dont les croissances économiques ont été durablement soutenues au cours de la dernière décennie, sont certes engagés dans une dynamique de rattrapage, mais ces pays demeurent des marchés de taille limitée : le PIB éthiopien ne représente en 2019 que 20 % du PIB nigérian, contre 15 % pour la Tanzanie et seulement 2 % pour le Rwanda. En outre, leurs résultats en matière d’indicateurs sociaux restent modestes en dépit d’une réduction de la pauvreté. Ces exemples soulignent tout l’enjeu du caractère inclusif du modèle de croissance des pays africains.   Émergence : l’Afrique a son propre index On comprend alors pourquoi la grande majorité du continent (à l’exception de l’Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, de l’Égypte et du Nigeria) était jusqu’aux années 2010 tenue à l’écart de la notion d’émergence proprement dite. Mais s’il apparaît que peu de pays africains peuvent être qualifiés d’émergents à ce stade, plusieurs économistes et chercheurs proposent des nouvelles définitions de l’émergence élargies à des critères sociaux, de gouvernance et de qualité des infrastructures. Ces définitions revisitées permettent d’identifier les prochains pays émergents en Afrique. Aux BRICS et autres classements élaborés par les agences de notation ou les banques d’affaires au cours des précédentes décennies viennent alors s’ajouter des acronymes qui laissent davantage de place aux pays africains (comme les BENIVM, dont l’Éthiopie et le Nigeria font partie), voire qui se concentrent sur ce continent à l’exemple des AKNEEM (l’Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria, l’Égypte, l’Éthiopie et le Maroc). Un index sur l’émergence en Afrique a également été élaboré.

L’émergence de l’Afrique précédera celle des pays africains Mais si les dynamiques à l’œuvre au sein de ces pays sont positives, leurs trajectoires ne peuvent être comparées à celles observées dans les grands pays émergents au cours des décennies 1990 et 2000. Elles ne laissent pas présager d’une émergence sous la forme d’un modèle aussi extraverti, amené à concurrencer ces grandes économies à court terme, tout du moins à l’échelle nationale. Ce n’est d’ailleurs pas l’ambition de la plupart des pays africains disposant d’un plan d’émergence, qui recherchent avant tout une plus grande prospérité. Au-delà de ces dynamiques nationales, l’Afrique dispose toutefois d’atouts pour émerger en tant que continent. Raisonner à cette échelle permet de lever les freins auxquels font face les pays africains pris individuellement, en élargissant la taille du marché, en offrant de nouvelles opportunités économiques et en multipliant la capacité d’insertion dans les échanges internationaux tant commerciaux que financiers. À terme, l’Afrique pourra en effet s’appuyer sur la perspective potentielle d’un dividende démographique, sur le dynamisme de la consommation intérieure, voire à terme sur la complémentarité de ses productions. Les institutions africaines se mettent progressivement en place pour accompagner cette émergence. Alors que les organisations régionales aspirent à se renforcer, le premier pas d’une intégration à l’échelle continentale a été franchi avec la mise en place de la zone de libre-échange continentale (ZLECA). Un marché financier viendra dans un second temps. L’Afrique est donc bien en voie d’émergence, mais sans pour autant reproduire les trajectoires de développement des nouveaux pays industrialisés asiatiques ou des grands pays « émergents » tels que le Brésil, la Chine ou l’Inde. En embrassant les singularités économiques communes de nombre de pays qui la composent, l’Afrique est en train de tracer une voie qui lui sera propre.  

 



vendredi 20 novembre 2020

Les 10 propositions du Leem pour relancer la compétitivité et l’attractivité de la production de médicaments en France

 

Les 10 propositions du Leem pour relancer la compétitivité et l’attractivité de la production de médicaments en France

Investir, sécuriser l’approvisionnement et accélérer la bioproduction. La stratégie industrielle défendue par le Leem porte une ambition : permettre à la France de retrouver sa première place européenne des pays producteurs de médicaments. 1ère de 1995 à 2008, la France est aujourd’hui le 4ème producteur européen de médicaments (en valeur, avec 21 milliards d’euros produits) derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie. Elle est talonnée de près par l’Irlande et le Royaume-Uni. La situation est délicate, pas irréversible. Renforcer la compétitivité des sites de production pour les médicaments matures tout en accélérant les capacités de production des biomédicaments dont les thérapies innovantes (MTI), c’est ce double défi que doivent aujourd’hui relever entreprises du médicament et pouvoirs publics pour repositionner la France aux avant-postes de la production pharmaceutique européenne. Les 10 propositions présentées par le Leem ce matin sont autant de pistes d’action concrètes pour y parvenir.

Améliorer la compétitivité de l’outil industriel existant

Afin de conserver le savoir-faire en matière de production de médicaments d’origine chimique et d’accroître les capacités françaises existantes, le Leem propose d’adapter la fiscalité pour en faire un outil de renforcement de la production sur le sol national et un levier de relocalisation de la production de certains principes actifs et de produits finis.

Le Leem milite pour la mise en œuvre de politiques de filières par classes thérapeutiques stratégiques en vue de la relocalisation de leur production. Parallèlement à ces mesures, il convient de définir de nouveaux axes de travail pour assurer une gestion logistique efficiente lors des futures crises sanitaires. A ce titre, la crise de la Covid-19 nous permet déjà de tirer quelques enseignements qui pourraient être généralisés :

•    Travailler sur la flexibilité et la polyvalence des moyens de production (assouplissements réglementaires pour produire plus rapidement sur des sites back-up) ;
•    Protocoliser la centralisation des achats par l’Etat en cas de crise sanitaire, sur le modèle de ce qui a été fait pour certains produits de réanimation ;
•    Adapter l’offre de service à la gestion de la crise et mettre en œuvre des mesures de sécurisation des approvisionnements des industriels ;
•    Sécuriser la production pharmaceutique en garantissant un accès aux fournitures indispensables au fonctionnement des sites industriels (masques, blouses…).

Attirer la production de médicaments de thérapie innovante sur le territoire

Face à un outil de production pharmaceutique en France dédié à 80 % aux médicaments d’origine chimique, le deuxième axe majeur du Leem vise à attirer en France la recherche et la production des thérapies innovantes d’avenir, composantes nouvelles de la pharmacopée. Le CSIS 2018 a identifié cette filière comme stratégique et s’est engagé à mettre en place de nouveaux mécanismes afin que la France devienne l’un des leaders mondiaux pour l’industrialisation et la production de ces médicaments de thérapies innovantes (MTI). Cette position est appuyée par le Comité Stratégique de Filière des Industries et Technologies de Santé (CSF ITS) qui a souligné en mai 2019, l’accélération des capacités de production des thérapies innovantes comme une occasion unique pour la production pharmaceutique française de retrouver sa position de leader en Europe. Le Leem a mandaté le cabinet AEC Partners, afin d’identifier les leviers à actionner pour que la France occupe une place stratégique dans le paysage industriel de demain, notamment dans les activités de bioproduction. Trois leviers ont été identifiés :

•    Le premier levier vise à mettre en place en France un véritable écosystème de bioproduction avec la création de lieux et de réseaux de collaboration, une adaptation des parcours de formation pour conserver les compétences disponibles pour les métiers de demain.
•    Le deuxième, qui consiste en un meilleur accès à un financement adapté, repose sur un financement facilité pour les capacités et technologies de bioproduction pour les essais cliniques afin de retenir les donneurs d’ordres français et attirer les donneurs d’ordre étrangers.
•    Enfin, le dernier levier doit permettre d’améliorer l’attractivité de la France pour la bioproduction, en uniformisant les différentes réglementations aujourd’hui en vigueur pour les MTI (médicaments, OGM, cellules souches…), et en déployant une politique incitative claire et forte via des mesures fiscales, des mesures régionales d’accompagnement pour l’investissement dans les infrastructures (terrain, bâtiments, …) ou encore une clarification du CIR et son extension sous forme d’un Crédit-Impôt Développement Industriel (CIDI).

« La crise a révélé la fragilisation du tissu industriel français, sur laquelle le Leem alerte depuis des années, analyse Frédéric Collet, président du Leem. Les 10 propositions du Leem présentées aujourd’hui sont des pistes tangibles pour le renforcer. Ces propositions s’imbriquent parfaitement avec les annonces faites par le Président de la République et par le Premier Ministre au travers du Plan France Relance. Nous partageons la même ambition :  renforcer la compétitivité de l’outil de production français de médicaments matures et innovants. Cette compétitivité est essentielle pour assurer une autonomie sanitaire stratégique et redonner à l’industrie du médicament en France sa place de leader européen en termes d’innovation et d’industrialisation. Mais cette compétitivité de l’outil industriel doit être pensée dans sa globalité. Elle ne peut pas être déconnectée de l’ensemble de la chaîne qui doit rester attractive depuis la recherche clinique, jusqu’à l’accès des patients aux médicaments, en passant par la production. »

 

                10 propositions du Leem pour une politique industrielle du médicament ambitieuse

                                                                  Priorité n° 1 – INVESTIR
Proposition 1 : Instauration d’un dispositif de suramortissement des investissements productifs
(déduction exceptionnelle d’impôt en vue de moderniser les sites industriels)
Proposition 2 : Prise en compte des investissements sur le territoire national ou européen (R&D, production, digitalisation) dans la politique conventionnelle au travers d’un contrat d’appui à l’investissement (stabilité de prix, crédits CSIS, prix à l’export…).


                                              Priorité n° 2 – SÉCURISER L’APPROVISIONNEMENT
Proposition 3 : Fixation d’un prix plancher pour les médicaments dont la soutenabilité d’approvisionnement européen n’est plus assurée pour des raisons économiques
Proposition 4 : Introduction d’une clause de critère d’origine dans les appels d’offre hospitaliers quand il existe une production européenne
Proposition 5 : Travailler, en lien étroit avec l’ANSM, à la flexibilité et à la polyvalence des moyens de production (assouplissements réglementaires pour produire plus rapidement sur des sites alternatifs)
Proposition 6 : Mettre en place un marquage d’origine sur les conditionnements des médicaments afin de reconnaitre et valoriser la production européenne.


                                                  Priorité n° 3 – ACCÉLÉRER LA BIOPRODUCTION
Proposition 7 : Extension du Crédit-Impôt Recherche (CIR) sous forme d’un Crédit-Impôt Développement Industriel (CIDI) pour répondre à la problématique du développement industriel, souvent couteux pour une biothérapie.
Proposition 8 : Création d’un fonds stratégique d’investissement dédié à la bioproduction pour renforcer les capacités industrielles des acteurs du secteur à chaque étape de la chaîne de production et favoriser la montée en puissance de CDMO (Contract Development and Manufacturing Organizations) dans le secteur des biothérapies innovantes.
Proposition 9 : Mise en place d’une task-force pluridisciplinaire pour adapter la réglementation des biothérapies au regard des innovations de demain.
Proposition 10 : Création d’un statut de Jeune Entreprise Productrice de biothérapies innovantes (JEPBI) sur la base du statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI)

 SOURCE 

dimanche 27 septembre 2020

Covid-19 : le « commencement d’un retour à la normale » pour l’Afrique

 


Un mois après avoir passé son pic épidémique, le continent totalise moins de 35 000 décès dus au coronavirus depuis le début de la crise sanitaire.

Un mois jour pour jour après avoir passé son pic épidémique, l’Afrique continue de voir décroître rapidement la pandémie de coronavirus sur son sol. Elle serait même en train de vivre le « commencement d’un retour à la normale », selon Mark Woolhouse, professeur d’épidémiologie des maladies infectieuses à l’université d’Edimbourg, invité à s’exprimer lors d’un échange, jeudi 24 septembre, organisé par le bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Si la situation est plus engageante qu’ailleurs, la directrice de l’agence régionale onusienne, Matshidiso Moeti, a tout de même posé un bémol, estimant que « même si l’espoir d’un vaccin pour 2021 est dans toutes les têtes, le continent n’est pas à l’abri d’une seconde vague et le chemin pour sortir définitivement de la crise est encore long ». Il est en effet, à l’heure actuelle, encore impossible de dire si les cinquante-quatre pays vont pouvoir en finir, ou même assouplir, d’ici à la fin de l’année les restrictions qu’ils s’imposent.

Pourtant, avec 34 836 décès dus au Covid-19 et 1,43 million de contaminations pour 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique a été la plus épargnée par la pandémie au côté de l’Océanie. Même l’Afrique du Sud et l’Egypte, qui concentrent les deux tiers des décès du continent, ne totalisent « que » 22 000 décès. Soit moins que la France et ses 31 447 morts quand les deux pays réunis pèsent 2,3 fois la population de l’Hexagone.

Ce bilan, même provisoire, est très loin des alertes occidentales du début de la pandémie prédisant aux Africains qu’ils seraient « décimés », a tenu à rappeler le docteur ougandais Sam Agatre Okuonzi, de l’hôpital régional d’Arua, également invité du débat. Une crainte qui s’appuyait sur la fragilité de systèmes de santé qui n’auraient pas supporté la forte pression de puissants foyers épidémiques.

Enorme travail de sensibilisation

Durant la montée en puissance de la pandémie, « les modélisations ont aussi été compliquées sur le continent par le fait que peu de malades étaient hospitalisés, retrace la cheffe du bureau Afrique de l’OMS. A cause de la jeunesse de la population et du taux très élevé de cas asymptomatiques – près de 80 % contre une moyenne de 40 % dans les pays occidentaux. Tout le monde manquait d’informations pour faire des prévisions fines », a-t-elle tenu à préciser.

« Nous nous sommes attelés à de nouvelles modélisations tout au long de la pandémie en collectant un maximum de données et en tirant les leçons de notre expérience Ebola, complète pour sa part Francisca Mutapi, professeure en santé mondiale, en infection et immunité, de l’université d’Edimbourg. Au fil des mois, nous avons mené une analyse comparative des différentes ripostes pour en sortir le meilleur. »

Les quatre médecins s’accordent en effet pour saluer l’énorme travail de sensibilisation accompli auprès des communautés sur les gestes barrières, le port du masque, l’hygiène, la distanciation sociale et les restrictions de circulation.

Mais au-delà de cette radiographie sommaire, ces spécialistes de santé publique ont souhaité interroger plus avant les spécificités de ce continent pour dégager ce qui a protégé les Africains des grands foyers de contamination que les pays du Nord ont connus et connaissent encore.

Promptitude à réagir

A leurs yeux, la rapidité à réagir est le premier point à souligner. Dès la découverte du premier cas, le 14 février, en Egypte, « les dirigeants africains ont très tôt fermé toutes les liaisons aériennes internationales et leurs frontières intérieures. Et les consignes sanitaires ont été bien reçues par les populations », insiste la docteure Moeti.

Evidemment, la jeunesse d’un continent où seulement 3 % de la population africaine à plus de 65 ans, a compté. D’autant que les praticiens ont tenu à observer qu’un pays comme l’Algérie, en pleine transition démographique avec déjà plus de 10 % de personnes de plus de 65 ans, a été plus touché que d’autres avec près de 1 700 décès.

La structure sociale des familles a aussi été avancé, puisque les personnes très âgées, qui ne représentent que 1 % de la population africaine, ne vivent pas dans des structures d’accueil (de type Ehpad) qui leur ont été si fatales en Occident. De plus, l’importante proportion de population vivant encore dans les zones rurales, où le quotidien se déroule en extérieur, a pu aussi être un élément protecteur, comme la faiblesse de l’usage des transports sur ces zones.

A contrario, pour les pays comme l’Afrique du Sud ou l’Egypte, la densité urbaine, voire la surpopulation sur certaines zones, ont largement favorisé la propagation du virus. Pourrait s’ajouter la possibilité d’une immunité croisée pour des populations déjà exposées à d’autres types de coronavirus a aussi insisté la professeure Francisca Maputi. Autant dire, ont conclu les spécialistes, que les facteurs de résistance du continent ont été multiples et qu’il faudra encore des mois, voire des années, pour les analyser plus en finesse.

Vigilance accrue

Cette situation, pour l’heure bien moins sombre qu’imaginée, n’empêche pas une vigilance accrue sur l’évolution du virus dans les cinquante-quatre pays, dont aucun n’a été épargné. C’est pourquoi l’OMS et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) ont annoncé il y a deux semaines le lancement d’un réseau de douze laboratoires, dont dix africains, pour renforcer le séquençage du génome du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2). Tandis que plusieurs pays, à l’instar du Sénégal et du Maroc, produisent désormais leurs propres tests Covid.

« Il est essentiel de pouvoir non seulement suivre l’évolution du virus, mais aussi d’évaluer sa mutation possible pour mettre en place une réponse efficace », a expliqué Mme Moeti. Et pour cela pas moins de 2 016 séquences de virus, provenant de dix-huit pays (Algérie, Bénin, Cameroun, RDC, Egypte, Gambie, Ghana, Kenya, Madagascar, Mali, Maroc, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Afrique du Sud, Tunisie, Ouganda, Zambie) ont déjà été générées et sont soumises à analyse. Ce qui lui fait même dire que « grâce à ce nouveau réseau, nous sommes mieux placés pour mettre au point des vaccins et des traitements adaptés aux populations africaines et, à terme, pour maîtriser le Covid-19 ».

Pour l’heure, le séquençage a déjà révélé que la plupart des versions du coronavirus qui ont circulé sur le continent sont issues de la lignée qui a émergé en EuropeAutrement dit, le coronavirus a largement été importé. Ce qui confirme que la stratégie panafricaine de restriction de circulation sur terre, sur mer et dans les airs a bien été la bonne. Mais cette collecte est aussi très précieuse pour comprendre comment le virus circule en se transformant.

Ont ainsi pu être identifiées dix lignées sur le continent et leur regroupement par lignée ou sous-lignée révèle les liens ou les importations du SARS-CoV-2 d’un pays africain à un autre. « Grâce au séquençage génomique, nous pouvons mieux comprendre la pandémie en identifiant plus précisément les groupes de transmission », a ainsi expliqué le docteur John Nkengasong, directeur du CDC Afrique.

Effet collatéral, la crise du coronavirus aura donc aussi fait progresser les partenariats entre pays du continent et l’expertise de ses scientifiques, que les épisodes d’Ebola avaient déjà bien armés. Mais « on a besoin d’encore plus de chercheurs africains, a conclu Francisca Mutapi. Des chercheurs qui peuvent dialoguer avec les institutions nationales et continentales pour bâtir, quel que soit le virus, la riposte la plus pertinente possible. » Et l’Ougandais Sam Agatre Okuonzi d’ajouter : « Et tirer les leçons d’une épidémie africaine qui est loin du désastre annoncé. »

Source : https://www.lemonde.fr/afrique/

vendredi 27 mars 2020

La Tunisie en mesure de contrôler la propagation du Coronavirus selon l’OMS

Le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh est intervenu jeudi lors d’une séance plénière de l’Assemblée des représentants du Peuple. La séance a été consacrée à un dialogue avec le gouvernement sur l’évolution de la situation sanitaire dans le pays. Il a déclaré que « la Tunisie est en mesure selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de contrôler la propagation du Coronavirus« .

Elyes Fakhfakh a fait savoir que les autorités tunisiennes ont reçu une correspondance de l’OMS. Selon laquelle la Tunisie figure parmi les pays capables de maîtriser la propagation du virus. Il a souligné que ceci constitue une source de fierté pour la Tunisie et les Tunisiens. Et que cela booste la motivation à poursuivre les efforts.  Cela renforce la solidarité entre les différentes institutions de l’Etat pour continuer de lutter contre ce fléau.
Fakhfakh avait souligné « le confinement sanitaire général est l’unique option dont dispose la Tunisie pour lutter contre le Coronavirus ». Et d’ajouter que « le respect de cette procédure constitue 80% de la solution. Les 20% restant concernent les différentes mesures et décisions adoptées par le gouvernement ».
Il a insisté sur la nécessité de respecter le confinement général et l’auto-isolement ainsi que le placement en quarantaine obligatoire des personnes arrivées de l’étranger. L’objectif étant de lutter contre la propagation du Coronavirus. Et d’éviter des scénarios vécus par d’autres pays.
Il a indiqué à cet égard, que le confinement sanitaire général a été respecté à hauteur de 80%, dans la journée d’hier mercredi. Et ce « grâce à l’imposition de l’application de la loi et aux sanctions prises à l’encontre des contrevenants ». Le chef du gouvernement a révélé que le nombre des personnes contaminées par le Coronavirus en Tunisie a atteint, jusqu’à présent environ 200 cas.
Avec TAP